Vous êtes dans un restaurant ou à la table familiale et les bruits de mastication de vos voisins vous rendent fous ? Cette sensation d’agacement intense face aux bruits de mâchage n’est pas anodine, car elle pourrait trouver son origine dans le fonctionnement de notre cerveau. Dans cet article, nous allons explorer les causes possibles de cette réaction et voir comment certaines personnes sont plus touchées que d’autres par ce phénomène.
La misophonie, une aversion sélective aux sons
Pour mieux comprendre ce trouble, il faut d’abord parler de la misophonie, un terme qui désigne l’aversion sélective aux sons. Les personnes souffrant de misophonie ressentent une gêne excessive, voire une véritable colère, lorsqu’elles entendent certains sons spécifiques comme ceux produits par des mouvements de bouche ou de gorge (mâchage, déglutition, etc.). Ce trouble a été identifié pour la première fois en 2000 et continue depuis à faire l’objet de nombreuses études.
Des réactions émotionnelles et physiologiques importantes
L’une des caractéristiques principales de la misophonie est le niveau disproportionné de l’émotion ressentie par rapport au stimulus sonore. Les individus concernés éprouvent une irritation soudaine, de l’anxiété, une sensation de panique, voire même de la rage face à ces bruits « déclencheurs ». Des réactions physiologiques peuvent également être présentes, telles que des accélérations du rythme cardiaque ou de la transpiration.
Une sensibilité qui varie d’une personne à l’autre
Il est important de souligner que la misophonie n’est pas vécue de la même manière par tous les individus qui en souffrent. Certains seront plus particulièrement perturbés par les bruits de mâchage, tandis que d’autres auront une aversion pour les sons produits par la respiration ou les tics verbaux. Le niveau d’inconfort et le type de réactions ressentis diffèrent également d’une personne à l’autre.
Le rôle du cerveau dans cette gêne face aux bruits de mastication
Si notre perception des bruits déclencheurs semble trouver son origine dans le fonctionnement de notre cerveau, sachez que les recherches sur le sujet restent encore à approfondir. Cependant, certaines études apportent déjà des éléments intéressants pour mieux comprendre ce phénomène.
Les connexions entre les aires cérébrales impliquées
Une étude menée en 2017 par des chercheurs britanniques a révélé que les personnes atteintes de misophonie présentent des anomalies dans les connexions entre certaines régions du cerveau. Les chercheurs ont identifié un dysfonctionnement au niveau des liens entre l’aire auditive et celle responsable de l’émotion, ce qui peut entraîner une suractivation de la première région en réponse aux bruits déclencheurs et provoquer les réactions émotionnelles observées.
Une activité cérébrale augmentée face aux sons désagréables
Une autre étude, menée cette fois-ci par des chercheurs néerlandais, a également mis en avant une activité cérébrale accrue chez les personnes souffrant de misophonie lorsqu’elles étaient exposées à des bruits de mastication. Les résultats indiquent que ces individus présentent une hyperactivité dans certaines parties du cerveau responsables de la gestion des émotions ou de la perception auditive.
Comment faire face à la gêne occasionnée par le bruit de mâchage ?
Même si les experts continuent d’étudier ce phénomène afin de mieux comprendre ses origines et son fonctionnement, il est possible de mettre en place certaines stratégies pour tenter de limiter l’inconfort ressenti en présence des bruits de mastication.
S’éloigner de la source du bruit
Il peut être utile de prendre un peu de distance avec la personne responsable du bruit, en changeant de place à table par exemple. Cette solution simple peut permettre de réduire le niveau de gêne ressenti et ainsi faciliter la poursuite du repas sans trop d’anxiété.
Favoriser un environnement calme et apaisant
En créant une ambiance détendue autour de soi, on peut contribuer à diminuer l’impact des bruits de mastication. Pour ce faire, il est possible d’allumer une bougie parfumée, de mettre un peu de musique en fond sonore ou encore de s’équiper d’un casque anti-bruit si la situation le permet. L’important est de trouver des solutions qui conviennent à chacun et qui sont compatibles avec la vie quotidienne.
Travailler sur soi-même et sa tolérance
Si les bruits de mâchage nous agacent, il est également important de travailler sur nos propres réactions émotionnelles afin de mieux gérer cette sensibilité. Des exercices de relaxation, telles que la méditation ou la cohérence cardiaque, peuvent aider à apaiser notre esprit et ainsi mieux supporter les sons dérangeants qui nous entourent.
Un trouble encore peu connu mais susceptible d’évolution
Ainsi, la misophonie et ses manifestations face aux bruits de mastication restent encore largement méconnues du grand public et continuent de susciter l’intérêt de nombreux chercheurs. Les études menées à ce jour ont permis de mieux comprendre certaines mécanismes cérébraux impliqués dans ce phénomène, tout en soulevant d’autres questions sur les causes exactes de cette sensibilité exacerbée.
Pour ceux qui sont touchés par cette gêne, il est essentiel de trouver des solutions adaptées à leur quotidien, que ce soit à travers l’environnement extérieur ou en travaillant sur leurs propres réactions émotionnelles. En attendant, d’autres recherches sont attendues pour mieux cerner les mécanismes de cette anomalie et ainsi proposer des traitements plus spécifiques.